Dans le secteur du transport, le plus décrié est le secteur aérien, car il est celui qui produit le plus d'émissions de gaz à effet de serre quand on le rapporte au ratio distance parcourue par passager. Pourtant, la disparition de ce modèle ne semble pas encore à l'ordre du jour, tant le secteur de l'aviation est un acteur économique international considéré comme indispensable. Pour se verdir et continuer d'attirer les usagers tout en conservant l'autorisation de voler, les compagnies aériennes rivalisent de solutions de compensation carbone.
Après une accalmie liée à l'épidémie de Covid-19, les compagnies aériennes retrouvent leur niveau d'avant crise et leurs avions ne désemplissent pas, avec un impact environnemental toujours aussi fort. En effet, la pollution induite par un déplacement en avion est 10 x plus élevée qu'en train et 2 x plus qu'en voiture thermique pour la même distance parcourue. On estime ainsi qu'à lui seul, les émissions du secteur aérien émettent 3 à 5 % du gaz à effet de serre mondiales.
Autre fait important qui place les compagnies aériennes sur le podium des grands pollueurs à ostraciser : leurs usagers ne représentent que 10 % de la population mondiale et ce ne sont pas ceux qui seront impactés directement par les conséquences du réchauffement climatique. Alors, en attendant de développer des solutions vertes (biocarburant, avion à hydrogène) qui permettraient éventuellement d'atteindre la neutralité carbone du secteur, les compagnies aériennes tâchent de répondre aux objectifs de compensation carbone imposés. En effet, elles font partie des entreprises concernées par les obligations de compenser leurs émissions carbone et de publier leur bilan annuel d'émissions.
Comme pour les autres entreprises du transport encore très dépendantes des énergies fossiles, les compagnies aériennes ont l'obligation environnementale et légale de compenser leurs émissions carbone. La pollution d'origine anthropique, et tout particulièrement celle liée à nos modes de déplacement, a un effet direct sur le changement climatique qui s'accélère. Ainsi, elles sont en conformité avec les différentes instances internationales sur le climat : Protocole de Kyoto, Accord de Paris, Pacte Vert Européen…
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En outre, leurs usagers, de plus en plus sensibles à la question environnementale, privilégient les acteurs engagés dans une stratégie RSE, à condition d'éviter le greenwashing. Les compagnies aériennes qui démontrent une réelle volonté de compensation carbone sont donc plus attractives et valorisent leur image de marque. Elles peuvent aussi bénéficier d'un accompagnement financier de la part des États et de la communauté internationale.
La taxonomie verte européenne s'attache à valoriser les entreprises éco-responsables avec des conditions de verdissement de l'activité de plus en plus strictes. En mettant en œuvre dès aujourd'hui des actions concrètes de protection de la nature, les compagnies prennent de l'avance sur les mesures à venir.
Les compagnies aériennes font partie des entreprises concernées par le marché de conformité du carbone de l'ONU, soit en mécanisme de développement propre (MDP), soit en mise en œuvre conjointe (MOC). En finançant des projets de compensation carbone ou d'évitement des émissions dans les pays en voie de développement ou dans les pays développés, elles acquièrent des crédits carbone (un crédit carbone équivaut à une tonne équivalent CO2). Elles peuvent ensuite les échanger via un marché carbone, appelé Système Communautaire d'Échange de Quotas d'Émissions (en anglais EU-ETS : European Union Emission Trading Scheme) à l'échelle européenne ou via le marché mondial CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation → Régime de compensation et de réduction du carbone pour l’aviation internationale).
Les compagnies aériennes qui souhaitent aller plus loin dans leur démarche durable proactive peuvent aussi se tourner vers le marché de compensation volontaire. Si les crédits carbone qui s'échangent sur ce marché ne sont pas reconnus par l'ONU, ils le sont par différents labels nationaux ou internationaux (label Gold Standard, CCB…). Par exemple, Air France KLM collabore avec l'entreprise sociale EcoAct sur des projets compensatoires de reforestation, de préservation de la biodiversité ou de développement d'énergies renouvelables dans l'Hexagone et dans différents pays d'Amérique du Sud et d'Afrique.
De son côté, Ryanair compense son carbone en partenariat avec des ONG sur différents projets de développement durable à travers le monde : First Climate, CO2BALANCE…
Enfin, les compagnies aériennes intègrent leurs usagers dans leur démarche de compensation carbone. Cette solution participative permet de les associer directement aux projets et de les rendre acteurs d'un mode de transport aérien plus vert. À l'achat d'un billet d'avion, chaque futur passager est informé des émissions nettes produites par son trajet et peut contribuer au financement d'un projet de compensation co2 volontaire afin de réduire l'empreinte écologique du voyage.
